Prière surérogatoire en Islam : qu’est-ce que c’est et comment les accomplir ?

La prière surérogatoire en Islam est à différencier de la prière obligatoire. Bien que celles-ci soient similaires dans leur accomplissement, leur statut n’est pas le même.

1.Différences entre les prières surérogatoires et les prières obligatoires

Pour commencer, il faut tout d’abord comprendre la différence de statut entre ces deux salats. Pour cela, appréhender le mot « surérogatoire » est important. En effet, ce n’est pas un mot commun, et beaucoup d’entre nous peuvent se demander ce qu’il signifie.

• Si l’on regarde de plus près le dictionnaire, la salat surérogatoire signifierait en fait un acte « qui s'ajoute à quelque chose sans nécessité ; superflu, superfétatoire ». On peut donc voir que la traduction en français n’est pas très exacte.

Car comment pourrait-on penser qu’en Islam, faire une prière soit sans nécessité ou superflue ? Soubhan’Allah !

En réalité, on devrait plutôt dire qu’il s’agit d’une prière non obligatoire. Il s’agit donc de prières que l’on n’est pas obligé de faire de manière obligatoire. Ce sont des recommandations prophétiques mais qui n’ont pas la même valeur que les prières obligatoires.

• Les prières obligatoires, quant à elles, incombent à tout musulman pubère et sain d’esprit. Il s’agit bien sûr des cinq prières de la journée : le soubh, le dhor, l’asr, le maghrib et l’isha.

2.Les différentes prières non obligatoires qui existent

Il existe de très nombreuses prières volontaires qu’il est possible de faire la journée ou même la nuit. Cela nous montre à quel point Allah nous donne l’occasion de L’adorer à travers la prière.

a) La prière de consultation

La prière de consultation, « salat al istikhara » est une prière surérogatoire recommandée. Elle peut s’effectuer à n’importe quel moment de la journée pour demander à Allah de nous aider dans nos affaires.

Djabir Ibn Abdillah As-Soulami (qu’Allah l’agrée) disait : Le Messager d’Allah (aleyhi salat wa salam) apprenait à ses Compagnons à consulter [Allah] dans toute affaire, comme il leur apprenait une sourate du Coran. Il dit (aleyhi salat wa salam) :

« Quand l’un de vous projette une affaire, qu’il accomplisse deux rak’ats surérogatoires puis qu’il dise : Seigneur Allah, je viens prendre conseil auprès de Ta science et prendre force dans Ta force. Je viens Te demander de Ta générosité infinie. Car Tu es capable et je suis incapable, Tu sais et je ne sais pas et c’est Toi le Grand Connaisseur des mondes inconnus. Seigneur Allah, si Tu sais que cette affaire est pour moi une source de bien pour ma religion, pour ma vie ici-bas et pour ma destinée future (ou il a dit : pour mon présent et pour mon futur), Destine-la moi, Facilite-moi sa réalisation et Bénis-la moi. Et si Tu sais que cette affaire est pour moi une source de mal pour ma religion, pour ma vie d’ici-bas et pour ma destinée future (ou il a dit : pour mon présent et pour mon futur) Détourne-la de moi et Détourne-moi d’elle. Prédestine-moi le bien où il se trouve et Inspire m’en la satisfaction. » Boukhari

b) La prière d’ad-douha

La prière d’ad-douha fait partie des prières surérogatoires, non obligatoires. C’est une salat qui s’effectue le matin. Son temps d’accomplissement peut se faire du choroq (lever du soleil) jusqu’à un peu avant la prière du dhor (environ 10min).

Selon 'Oqba Ibn 'Amir (qu'Allah soit satisfait de lui), le Prophète (aleyhi salat wa salam) a dit : « Allah a dit : Ô fils d’Adam ! Prie pour Moi quatre unités de prière au début de la journée et Je te suffirai pour le reste de la journée. » Ahmed

Il existe aussi un autre hadith concernant la prière d’ad-douha. Les savants ont également expliqué qu’elle peut s’effectuer en 2, 4, 6 ou 8 rak’ats. Cela est rapporté par Tabarani, et jugé « acceptable » par Al Albani. Il n’est donc pas obligatoire d’en faire 4 spécifiquement.

c) Les dix prières quotidiennes qui suivent les prières obligatoires

Quotidiennement, il est possible d’effectuer dix (voire douze selon certains savants) unités de prière volontairement. Ces prières surérogatoires suivent automatiquement les prières obligatoires.

Ibn Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit : « J’ai mémorisé auprès du Prophète, Paix et Salutations d’Allah sur lui, dix unités : deux avant le dhor, deux après, deux après le maghreb chez lui, deux après le ‘icha et deux avant la prière du matin. » Boukhari et Mouslim

La récompense d’effectuer ces prières est énorme auprès d’Allah. Selon Aïcha (qu'Allah soit satisfait d’elle), le Prophète (aleyhi salat wa salam) a dit : « Celui qui fait avec assiduité 12 unités de prière dans le jour et la nuit rentre dans le Paradis : quatre avant le dhor, deux après le dhor, deux unités de prière après le maghreb, deux unités de prière après le 'icha et deux unités de prière avant le fajr. » Nassa’i

d) La prière du witr

Il y a également une prière surérogatoire qui nous a été recommandée par le bien-aimé (aleyhi salat wa salam), le witr. Elle consiste à prier au moins une unité de prière la nuit. Son temps peut s’étendre de la prière du ‘icha jusqu’au soubh. Il est possible de prier d’une unité de prière jusqu’à treize. Il faut alors effectuer les prières par deux rak’ats, en finissant par une unité.

Le Prophète (aleyhi salat wa salam) a dit : « Allah est witr (impair) et Il aime le witr, alors faites le witr, ô gens du Coran ! » Abou Dawoud

e) La prière de nuit 

Si vous avez le courage, le physique et la détermination, la prière de nuit est une des meilleures adorations. En effet, pendant que la plupart des gens dorment, nous devenons alors des privilégiés auprès d’Allah. Et très certainement, la salat surérogatoire de nuit apporte de nombreuses récompenses.

Allah a dit dans le Coran : « La prière pendant la nuit est plus efficace et plus propice pour la récitation. » S.73, V.6

Prier la nuit fait partie de la qualité des « moutaquines », c’est-à-dire les gens pieux.

Le Prophète (aleyhi salat wa salam) a dit : « La meilleure prière après la prière obligatoire est la prière nocturne. » Mouslim

f) Le tarawih

Les tarawih font partie des prière surérogatoires les plus pratiquées par les musulmans. Chaque année, des millions de musulmans, et vous en faites sûrement partie, se précipitent à la mosquée pour les accomplir. Wa Lillahi al-hamd ! A savoir que ces prières peuvent aussi se faire chez vous, même si vous êtes tout seul.

Le Prophète (aleyhi salat wa salam) a dit, en parlant du Tarawih : « Celui qui prie pendant le Ramadan, avec foi et espoir de récompenses, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés. » Boukhari

Les savants ont divergé quant au nombre de rak’ats qui devaient être effectuées pendant ces prières surérogatoires. La prière de Tarawih est une sounna « mouakkadda », c’est-à-dire très recommandée.

e) Autres prières

La prière surérogatoire se voit aussi à travers d’autres prières, mais qui sont un peu moins connues et/ou pratiquées :

• Pour les éclipses solaires et lunaires ;
• Pour la demande de pluie ;
• Après avoir fait ses ablutions ;
• Pour la salutation de la mosquée ;
• Après la prière du vendredi ;
• Entre l’adhan et l’iqama ;
• Etc.

3.Salat surérogatoire : quels mérites ?

Très certainement, la prière surérogatoire a beaucoup de mérites. Effectivement, si le Prophète (aleyhi salat wa salam) et Allah en ont parlé eux-mêmes, c’est pour signifier leur importance.

De manière générale, Allah aime tout acte que Son serviteur fait de manière volontaire. La salat non obligatoire, ou surérogatoire n’y échappe donc pas non plus !

Il existe certaines preuves tirées du Coran et de la sounna du bien-aimé (aleyhi salat wa salam) qui relatent ces prières.

a) Allah aime qu’on se rapproche de Lui par les actes volontaires 

Sachez, chers frères et sœurs, qu’Allah nous aime lorsqu’on accomplit des actes supplémentaires. Allah a dit dans un hadith « qoudsi » divin : « Et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les actes d’adoration surérogatoires, jusqu’à ce que Je l’aime, et si Je l’aime, alors Je serais son ouïe, avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main, avec laquelle il frappe, son pied, avec lequel il marche, et s’il Me demande, Je lui donnerai, et s’il prend refuge auprès de Moi, Je le protégerai. » Boukhari et Mouslim

b) Accomplissement de ces prières seul

Si certains actes sont préférables d’être réalisés en groupe, comme la prière obligatoire, certains seront préférablement effectués de manière individuelle. Tel est le cas de la salat surérogatoire.

La preuve en est le hadith rapporté par le Prophète (aleyhi salat wa salam) où il dit : « Certes, la meilleure prière de l’individu est celle qu’il accomplie chez lui, sauf la prière obligatoire. » Boukhari

c) Compensation des prières obligatoires 

Nous savons tous et toutes que nos prières quotidiennes ne sont pas réellement bien accomplies. On manque souvent de concentration, parfois on oublie des raka’ts, des soujouds etc. En d’autres termes, effectuer une prière parfaite, du début à la fin, est quasiment impossible.

C’est pourquoi Allah, dans toute Sa bonté et générosité, nous permet de nous rattraper à travers les prières surérogatoires. C’est-à-dire de compenser, en quelque sorte nos manquements. Ne trouvez-vous pas là qu’il s’agit d’un immense bienfait sur nous ? Soubhan’Allah !

• Le Prophète (aleyhi salat wa salam) a en effet dit : « Certes, la première des choses sur laquelle le serviteur sera questionné, parmi ses actes, le Jour de la résurrection, est la prière. Notre Seigneur, Exalté Soit-Il, dira à Ses anges, et Il est le plus Savant sur toute chose : « Regardez la prière de Mon serviteur, l’a-t-il bien accomplie ou l’a-t-il négligé ? » Si elle est complète, elle sera alors comptabilisée comme telle, et si elle est imparfaite, il sera alors dit : « Regardez si Mon serviteur a quelques prières surérogatoires. » Et s’il en a, il sera dit : « Complétez la prière obligatoire de Mon serviteur avec ses prières surérogatoires. » Ensuite, les autres œuvres seront traitées de la même manière. » Abou Dawoud

Quand on voit ce genre de récompenses, comment ne pas vouloir accomplir de salats volontaires en plus ? Cela n’est pas si difficile que cela, c’est à notre portée. Attention cependant, à ne pas dépasser vos capacités. Vous êtes le seul à connaître vos limites et l’excès en toute chose est mauvaise. Il est donc préférable de faire ce que vous pouvez, mais en le faisant continuellement. Allah aime en effet la constance dans toute chose !